Henri Fayol : le Père du Management Moderne
Dans la série des acteurs de le théorie scientifique de le gestion et du management à la fin du 19ème siècle, Henri FAYOL vient en bonne place, aux côtés de ses illustres contemporains Frederick TAYLOR, son contemporain, Frank GILBRETH ou, à un degré moindre Saikichii TOYODA, inspirateur du Toyotisme des années 70.
Le profil de ces trois hommes a beaucoup de points communs : autodidactes ou ingénieurs, ce sont des créatifs bénéficiant d’une longue expérience de terrain, technologues avant de s’intéresser au management, certains plus orientés sur la productivité (TAYLOR mais aussi FORD), d’autres y mettant un zeste d’humain.
Un brillant élève
Henri FAYOL a l’avantage d’être …français né en 1841 à CONSTANTINOPLE où son père y construisait un pont.
Ce brillant élève sortira ingénieur des mines et va engager une longue et exceptionnelle carrière aux Houillères de COMMENTRY.
Il sera d’abord connu pour toutes ses innovations techniques dans le domaine des mines de charbon, ses compétences ajoutées en géologie en faisant un expert particulièrement complet.
Il ne parle et ne raisonne qu'à partir d'un vécu de terrain. Ainsi, FAYOL ne publie son ouvrage culte - L'Administration industrielle et générale- qu’après 50 ans de vie professionnelle (1916) exercées jusqu’au plus haut niveau de l'entreprise. Cet ouvrage connait aussitôt un succès immense, traduit en 15 langues différentes dont le …japonais.
Il est vrai que nous sommes au début de la première guerre mondiale et deux années d’échecs militaires français qui traumatisent nos compatriotes. Cette œuvre invoque la responsabilité de la hiérarchie dans le succès ou l’échec, l’entreprise y est assimilée à l’armée, la hiérarchie par son incompétence, imprévoyance, sans respect pour les hommes devenant un bouc-émissaire.
Il constate que la plupart des dirigeants de l'époque sont issus d'écoles d'ingénieurs françaises où les programmes de formation sont focalisés sur les sciences dures. Il plaide pour que des matières comme l'administration, le commerce et la finance puissent intégrer ces programmes. Les lobbys des grandes écoles de l’époque ne seront d’ailleurs pas tendres avec FAYOL.
(Il ne suffit pas d’avoir un énorme QI pour être un excellent manager, bien au contraire. Il faudra attendre la fin du 20eme siècle pour voir s’instituer la double échelle (dual ladder) qui sépare les notions d’expertise technique de celles de management NDLR)
Une vision globale
Alors que Frederick TAYLOR se concentrait sur l’organisation scientifique du travail ouvrier avant tout théorique, FAYOL va développer pour la première fois une vision globale s’appuyant sur sa longue expérience mais aussi à partir de 1911 avec le travaux du laboratoire d’IMPHY qu’il dirige.
Ce centre est conçu comme un dispositif de recherche totalement articulé avec l’usine proche doté d’un programme d’exploration scientifique au-delà des seules questions posées par la fabrication.
Il va alors élaborer des principes et des règles de management, qui sont avant tout des conseils pratiques aux directeurs d'entreprises.
Pour lui, le chef est l’élément clé d’une bonne gestion. « Il est le responsable du succès de l’entreprise. En cas d’échec, il doit démissionner ».
Il doit « Prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler ». Un PDCA qui s’ignore, amusant… ?
FAYOL estime le premier que toutes les activités dans l'entreprise peuvent se décrire en six fonctions spécifiques : Technique, financière, sécurité, comptable, commerciale, administrative
Il établit aussi une liste de 14 principes qui doivent guider le management des organisations, qu’elles soient publiques ou privées, grandes ou petites.
En 1921, il s’en prendra d’ailleurs à la gestion des Postes, Télégraphes et Téléphones intitulée « L’incapacité industrielle de l’État : les PTT » qui montre les défauts de la gestion publique des entreprises déjà à l’époque. A la fin de sa vie, il militera activement pour une réforme de l’Etat selon ses principe de management et de gestion. Déjà à l’époque !!
De la théorie à l’expérience
On ne peut pas s’empêcher de comparer les approches de FAYOL et celles de TAYLOR, qui sont d’ailleurs contemporains.
Contrairement à TAYLOR dont l’étude de l’organisation de l’entreprise était centrée sur les ateliers de production et la productivité, FAYOL s’est focalisé sur la direction de l’entreprise et sur la fonction d’administration.
De plus, il ne s’appuie pas sur des recherches scientifiques, mais sur sa longue expérience de dirigeant.
TAYLOR n’a pas lu FAYOL mais ce dernier a lu TAYLOR. Ils ne se seraient jamais rencontrés ni surement collaboré formellement mais leurs travaux restent complémentaires si bien que l’année de sa mort, FAYOL accepte la création du CNOF (Conseil national de l’organisation française) réunissant ses disciples et les tayloriens français.
FAYOL et TAYLOR sont aujourd’hui associés dans les cours sur les théories des organisations en tant que tenants d’une organisation formelle de l’entreprise.
L’oubli
Il nous quitte à 86 ans après une carrière plus que remplie. Le père du Fayolisme sera quelque peu oublié sinon méconnu car lui et ses disciples ont laissé peu de traces de leurs travaux contrairement à TAYLOR et le taylorisme beaucoup plus médiatique, surtout décrié pour son morcellement des tâches, faisant de l’ouvrier une machine sans cerveau « tais-toi et bosses ».
Bien que critiqué et critiquable (rigidité, ignorance des facteurs humains stricto sensu, centralisation excessive… à la française), le fayolisme doit être considéré comme l’une des théories les plus importantes du management, socle même de la pensée managériale moderne.
Daniel DIGUET
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